État islamique ou état laïc ?
État islamique ou état laïc ?
Les dessous d’un faux problème
Décidément,
ma nouvelle trouvaille dans l’épidémiologie intellectuelle, à part le S.R.A (1),
la Déficience du Parallélisme Mental (D.P.M) qui fait qu’un islamiste aussi
bien qu’un laïc regardent dans le soleil pour en être éblouis au lieu de regarder
les zones (de la vie) éclairées par l’astre pour en être illuminés (2) semble encore faire des siens ; cette fois dans
les hautes sphères de l’organisation de la vie : l'Etat .
Notre
« mental collectif » semble, en effet, tirer vers le haut, trop vers
le haut, toujours vers le haut et jamais vers le bas. Ce qui n’est pas normal,
puisque notre vie est constituée essentiellement de dualités telles que le
blanc et le noir, la droite et la gauche, le grand et le petit, le chaud et le
froid, le juste et le faux ; en bref, la vie et la mort.
Comment se
fait-il qu’un certain état d’esprit qui règne encore dans l’arène politico-idéologique
d’Arabislamia s’obstine-t-il à toujours faire croire que c’est l’Etat qui est
toujours responsable de nos malheurs ? Comment se fait-il que cet
insaisissable intellect persiste dans l’impunité, sans jamais tenter de tirer
vers le bas, là où naissent et apparaissent les petits actes de la vie, là où des
idées peuvent en naitre et d’autres disparaissent ?
Un
problème de gouvernés et non pas de gouverneur
Me targuant
déjà d’être un laïc musulman ou un musulman laïc, c'est-à-dire étant déjà le
produit de mon idée d’un Musulman Essentiel (celui de juste milieu :
Muslim Wassat), je ne vois nullement pourquoi je ne dois pas me féliciter d’avoir à ma disposition toutes ces
merveilleuses structures que l’état de mon pays avait mis en place et qu’il
consolide bon an mal an, jour après jour parfois, pour permettre à ces actes et
idées de la couche rez-de-chaussée de l’édifice social de circuler du bas vers
le haut, en passant par les canaux de la société civile :
- Je ne
permettrais pas à l’état de m’obliger à faire la prière bien qu’il arrive que
j’en fasse deux fois autant qu’il est prescrit ; ni à faire le jeûne du Ramadan.
Je ne lui permettrais pas non plus de restreindre ma liberté de l’exercice de
ces cultes et d’autres.
- Ce serait « rigolo »
que les institutions de l’état puissent ordonner à ma sœur de se plier à quelque
loi stipulant que son mari en épouse une autre, à moins que toutes les femmes
du pays en décident ainsi.
- Ce serait
du Camus si l’état ordonnait un jour aux femmes de ne sortir dans la rue et
dans les lieux publics que voilées, ou de devoir abandonner leur poste de
travail aux hommes. Ce serait du Abou Lahab (3) que le pouvoir exécutif interdise
aux femmes le port du voile là où elles peuvent se trouver.
- Aucune loi
ne pourrait m’interdire de me procurer ni de consommer des boissons alcoolisées
si ce la me tentait. Par contre, la législation en vigueur devrait me permettre,
à travers le réseau associatif ou autre, de défendre mon attitude de citoyen
anti-alcool si c’était mon cas et si j’en éprouvais le besoin et en avais le
désir.
- Ainsi nous
aurions, comme toujours d’ailleurs, des
musulmans qui font l’illicite (« haram ») et d’autres qui n’en font
pas ; d’aucuns qui boivent et d’autres qui ne le font pas, d’aucuns qui ne
participent pas aux jeux d’argent mais qui boivent, et d’autres qui ne boivent pas
mais qui participent aux jeux de hasard etc. Autrement dit, il y aurait
toujours ceux qui font ceci de haram et pas cela de haram, et vice versa, et
qui font ceci de halal et cela de halal , et pas assez de ce halal ou peut-être
trop de ce même licite…
L’important
dans tous cela c’est que dans tous les cas de figure, le musulman ne serait pas
contraint d’attendre l’avènement d’un état islamique pour arrêter de boire, de
dilapider l’argent des orphelins ou de forniquer. Il arrêterait de faire
l’illicite à cause d’une conviction dans son for intérieur. Il récidiverait à
cause d’une autre, mais pas dans un attentisme tenant lieu d’un prétexte à
prendre le (feu) rouge pour le vert, la
fille de joie pour une seconde, troisième et/ou quatrième épouse…
De le sorte,
on aurait gagné des acquis que seule l’Unicité(« tawhid ») nous
aurait permis de réaliser, par les sens
et par l’esprit : la transparence, la droiture, le mouvement rectiligne,
le « sans détour » , le « sans ambages », le sincère, le
réel, le palpable, le véridique, le vrai.
L’Etat,
ainsi irrigué par mon, ton, son, votre, leur, notre droiture serait-il vraiment
appelé islamique ou laïc ?!
La Foi
n’est pas « représentable »
La droiture
se développe depuis la Foi. Et cette foi, la tienne, la sienne, la vôtre, la
leur et la nôtre : l’adoration de Dieu, la commanderie du bien, la charité
et tout ce qui est acte de rapprochement métaphasique tel la prière, « dou’a »
ou tout ce qui est acte physique émanant d’un désir métaphysique ou visant à en
assouvir un, étant une valeur métaphysique sûre alimentant âme et raison, étant
une précieuse entité non convertible en discours descriptif/politique… ; étant ce qu’elle
est , ni l’Etat, ni le gouvernement ni la société civile , ni un clergé, ni un
cheikh ne pourraient jamais s’ériger entre Dieu et moi, toi, lui ,elle, vous,
ils ou elles, nous, pour l’assumer, la développer, la renouveler, la vivifier..Sa
maintenance ainsi que sa fonctionnalité ne sont pas tributaires d’un
« état spécialisé », en l’occurrence un état islamique, mais plutôt
d’un état issu d’un peuple éduqué selon les normes d’une certaine cohérence,
qui à son tour soit basée sur une certaine philosophie(4).Un état tout
court.
L’Etat, dans
cette dimension, est et a toujours été séparé de la Religion. Ou disons que
c’est là qu’il devrait rester séparé d’elle. Ce serait un état laïc dans la
mesure où ce qui est désirable (une idée, une proposition) par un citoyen
croyant n’est représentable, au niveau de la société civile, celui du parlement
ou celui du gouvernement, que dans sa face apparente : celle palpable,
instrumentalement fonctionnelle. Par contre la Foi, étant la face souterraine
de l’acte à traduire en loi, en décision ou en acte, ne pourrait pas être représentée en tant que telle, mais
uniquement en tant que paramètre inhérent à la personnalité du citoyen croyant,
lequel citoyen serait la seule partie habilitée à en traduire les bienfaits en
désirs, aspirations et suggestions concrètes pouvant, dans ce cas-là, être
alignés sur l’instrumental et l’empirique.
Somme toute,
l’Etat sous toutes ses coutures n’est qu’un édifice attendant d’être sous-tendu
par un soubassement fortifié, dont les matériaux ne sont pas toujours donnés,
ni octroyés par l’état lui-même. Ce sont des matériaux qu’on devrait acquérir
au prix de sacrifice et d’abnégation, et non sans conviction : celle en
une philosophie du musulman au libre-arbitre en matière de Foi et d’usage de la
foi.
Mohamed
Hammar
Le 14
février 2009
(1)Voir
« Inculture de dialogue et d’apprentissage, quand tu occultes les maux
d’Arabislamia » sur http://middleeasttransparent.com
(2) Voir
« La Capsule : correcteur du parallélisme mental » sur notre
blog (note No 4)
(3) Figure coranique
du fauteur de trouble.
(4) Nous
proposons aujourd’hui celle du Musulman Essentiel ou de l’ « existentialisme
essentiel ». Voir notre étude « Le Patient d’Arabislamia » et
autres articles sur ce blog.