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الإسلام والعصر/New Epoch Islam
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1 janvier 2009

L'islam en débat : comment interpréter le Coran ?

L'islam en débat : comment interpréter le Coran?

October 26, 2008 by mohamed hammar


On assiste de nos jours, au sein de l’Islam à une sorte de bras de fer entre islamistes ou/et réformistes révisionnistes d’une part, et islamistes puristes/littéralistes d’autre part. Et si pour la prescience coranique, ce genre de désaccord est tout à fait légitime*, la situation qui en découle n’en est pas aussi claire pour les esprits rationnels.

Nos parents, nos maîtres et nos imams nous avaient toujours appris que l’Islam, contrairement à la tradition chrétienne, par exemple, ne peut tolérer que Monsieur Tout le Monde se mette à l’interpréter à sa guise.

Et pourtant, le fait est là aujourd’hui. On assiste de plus en plus à une vulgarisation du texte sacré de la part de croyants qui, par piété ou par désir de convaincre et indubitablement sans le vouloir, abusent du livre saint. La situation est telle que la sempiternelle question religieuse nous incite à nous interroger sur la base d’une équation tout à fait nouvelle : si les littéralistes (Salafistes) demeurent alignés sur la position de notre patrimoine éducationnel, réfutant ainsi toute interprétation populaire du Coran, les révisionnistes et réformistes musulmans ont-ils raison, quant à eux, de chercher à effectuer une interprétation du coran (et du Hadîth) autre que celle qui nous avait été transmise presqu’à l’unanimité ?

En fait, tous autant qu’ils sont comptent corriger le faux par le faux. Les Salafistes considèrent l’intention de produire une nouvelle lecture de l’Islam  comme une tentative de dénigrement de ce dernier, d’autant plus qu’ils sont adeptes de l’application quasi intégrale des Houdoud (lois pénales) parce qu’ils disent avoir peur pour l’Islam et les Musulmans. Et les réformistes de tous bords semblent opter pour la mise en place d’une lecture contemporaine du texte, et ce, afin de couper l’herbe sous les pieds des littéralistes.

En définitive, bien qu’on sache trop que c’est l’apparente simplicité du modèle islamique qui est à la base de l’option de statu quo en matière de foi et d’usage de la foi du côté des fondamentalistes(1), on ne sait presque rien de ce que les autres comptent réviser au juste, ni de comment il serait possible de réinterpréter l’Islam quand on sait que des siècles entiers, à compter du moment où le « portail de l’Ijtihad » fut clos , n’avaient pas suffi pour mettre, rien que l’éventualité d’une relecture de la religion, sur l’agenda des ulémas et docteurs de foi d’antan. Ou bien, ces derniers auraient-ils été si dupes qu’ils n’obtinrent jamais gain de cause pour une éventuelle idée de relecture dont ils auraient été épris ?

A mon sens, ce n’est pas l’Islam du coran (et du Hadîth) qui  se prête, ou qui devrait désormais se prêter à quelque interprétation que ce soit. Mais c’est bien plutôt toute la culture islamique ayant conduit à des supputations relatives donnant lieu aussi bien à une réforme de l’intérieur de l’édifice dogmatique qu’à la contre-réforme.

Cette dernière est, en réalité, demeurée théorique à outrance et n’a pas, conjointement, su tirer profit de l’évolution des sciences sociales. Pis encore, elle n’a jamais considéré que celles-ci peuvent — sinon doivent — faire partie des outils que la pensée universelle a mis à la disposition de tout peuple désireux de changement, indépendamment de sa langue, de sa religion ou de sa culture d’origine. « La méthode de travail n’est plus l’exégèse, dit Hassan Hanafi, mais c’est l’expérience et l’induction » (2).

Ce n’est donc pas une réinterprétation du texte qui nous fait défaut, mais une version contemporaine de l’expérience musulmane ; une pensée retraçant les multiples facettes du vécu du musulman, et ce, autour d’un axe d’importance cruciale : l’humanisme du musulman en métissage avec une religiosité tous azimuts, libérée des intégrismes socio-comportementaux… ; une version générique de la religiosité islamique idéale et idéaliste, qui puisse faire le lien entre le musulman et l’Islam coranique ; une « Culture médiane » qui sera à même de jouer les médiateurs entre le passé et le présent, l’Orient et l’Occident…, « la légitimité de l’époque et la légitimité de l’Islam.» (3)

Mohamed Hammar

« Et si Dieu ne repoussait pas certains peuples par d’autres, certes la terre serait corrompue », Coran 2 : 251.

1. Omid Safi, leader de l’ « Islam progressiste » aux Etats-Unis dit que « l’islam n’est pas simple car les musulmans ne sont pas simples »  dans un essai adapté d’une introduction à son nouveau livre sur les musulmans progressistes. http://www.beliefnet.com ; p.1 sur 4.

2. In The International Journal of the Humanities, vol.5, pp.195-204.

3. C’est un slogan cher à Hassan Hanafi (leader de la gauche islamiste en Egypte) ; lequel slogan fut étayé le 3 juin 2008 lors d’une rencontre au Forum Al-Jahedh à Tunis.

§ Illustration : page d’un Coran enluminée. Manuscrit du XUU-XIIIe siècle

 

 

http://www.leflambeau.com

 

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