Inculture de Dialogue...
« Inculture de Dialogue et d’Apprentissage, quand
tu occultes
les maux d’*Arabislamia !»
Crise après crise, l’être arabo-musulman, par son élite politique et
élite cultivée interposées, encaisse coup après coup, en souffre puis s’en
remet, non pas pour tirer des leçons d’une telle ou telle débâcle ( guerres de
1969 et 1973, guerre Irak-Iran, frappe de la Coalition sur l’Irak en 1991,
occupation de ce même pays en 2003,sans compter d’autres guerres fratricides
éclair, par -ci et par- là et la sempiternelle aberration géopolitique du
Moyen-Orient dont le victimes ne sont autres que tous les peuples
« Arabislamia .
En tant qu’éducateur arabe avide de changer en moi-même et passer ensuite
le message à mes semblables-ces consciences que j’appellerais volontiers celles
d’ « Arabislamia »- je ne peux pas ne pas remettre en question une certaine
culture, qui est à mon avis la première à assainir avant de pouvoir repenser le politique en vue
de penser à libérer un territoire, crier à l’unisson, ou encore moins à l’union.
Une culture que je suppose être responsable, dans une très large mesure, de
cette lacune dans notre système d’auto-immunisation de la conscience ; cette
inaptitude à se regarder dans le grand miroir de soi pour savoir où l’on était
et où l’on va, pourquoi on a maintes fois souffert sans pour autant en devenir
plus fort, comme le veut l’adage et comme disent les proverbes dans toutes les
langues ;cette défectuosité en matière de(ré)Apprentissage avec son corollaire :
l’échec du Dialogue .
Deux têtes de liste, regroupant chacune une batterie de lacunes, défauts, erreurs,
incorrections, fautes, empêchent le citoyen Arabislamia d’apprendre et de dialoguer.
En premier lieu c’est le S.R.S ou Syndrome du Refus de l’Autre, cet « autre »
sans qui on ne peut ni apprendre ni dialoguer. Et puis son corollaire, le non
moins pernicieux syndrome de l’Annexion. Les deux compléteront le lugubre
tableau d’une pathologie frisant l’immanentisme, l’incurable.
Cependant, étant de fréquence cyclique et peu apparente dans le vécu
quotidien, le volet physique (et psychologique) qu’est l’Annexion ne sera pas
la charnière centrale sur laquelle nous axerons le présent essai, d’autant que
celui-ci sera délibérément à dominante existentielle, donc d’inspiration phénoménologique.
Cela étant, et pour retourner à la double carence constaté au niveau du
comportement humain dans une phase de « communication », force est de
signaler que la paire apprentissage /dialogue en question, les deux faces d’une
même médaille( !), est caractérisée par une carence en mécanismes basiques
de la discussion, de l’argumentation, de la cohérence du discours, voire de
l’identification même du besoin de dialoguer, de discuter etc., doublée d’une totale
démotivation quant à la probabilité d’avoir besoin d’apprendre de l’Autre.
Dès lors, on peut avoir recours à deux registres apparemment différents,
mais foncièrement interconnectés, comme on va le voir : celui des évènements
historiques et celui de la pratique quotidienne du dialogue telle qu’elle se
présente à travers les échantillons ci-après étalés, lesquelles situations
impliquent des personnes fictives, même si celles-ci sont en très grande partie
inspirées de personnes authentiques à qui je demanderais de m’excuser si jamais
elles s’y reconnaissaient. Je ne puis faire autrement car mon ultime but est de
faire apprécier par mes lecteurs une méthode inouïe pour le musulman : la méthode empirique
/pragmatique, non pas en tant que telle, mais en tant que dominante d’une plus
vaste approche consistant en une synergie de philosophies impliquant
l’existence, telle que le « filtre » de l’être arabo-musulman peut se
la présenter.
Un S.R.A territorial
« C’est la réalisation déguisée d’un désir refoulé »(il n’y a pas
mieux mon cher Freud !).C’est l’accomplissement matériel de cet incrusté
penchant vers l’expropriation de l’Autre.
En effet,
- Quand en été 1990 le regretté et regrettable Saddam mit les
pieds (par les tanks interposés) au Koweït en vue de l'annexer; entre frères,
...
- quand dans les années 1970 un commando armée jusqu'aux dents fut expédié
dans mon pays pour y semer la discorde avec des visées d'annexion; entre nous !
- quand l'Arabie Saoudite érigea un pont long de 25 kilomètres reliant ses
terres à celles du Bahreïn pour prémunir fraternellement ce douillet pays
insulaire contre toute probable annexion de la part de la géante âme sœur de
l'Iran ; cuisine interne ?
Quand ces entrées et sorties, et bien d'autres, eurent lieu, elles ne
furent enregistrées dans Arabislamia, la conscience du grand monde arabo-musulman,
elle ne serviraient à rien sauf à consolider chez nous autres ce profond désir
d'annexion, existant déjà dans notre subconscient, et à fortiori ne nous
permettant pas de contrer l'annexion quand elle vient de l'Autre : en
l'occurrence Israël, qui annexe, réannexe et réréannexe sans qu'il y ait, de
notre part, une réaction telle qu'il en résulterait une action historique. C’est
une forme d'honnêteté, d'équité et de fidélité, quand-même, mais dans l'inconscience
( !)
Quand ces va-et-vient fraternels et très familiaux furent ainsi
enregistrés, je n'avais pas encore découvert le S.R.A !
Il vint le jour où, dans mon après-Gaza non euphorique, pendant que je
discutais de sujets et d'autres sur "facebook" et sur d'autres
"fort-rhum" (pardon, forums de voyeurisme !) pour consciences
d'Arabislamia hébétées dont je me
félicite d’être une petite exception(quand-même !), je dus retourner dans
ma petite tête d’enseignant ayant hérité des Anglo-saxons leur pragmatisme et
de tous les Occidentaux leur naïveté proactive, des bribes de discussion à
dormir debout ; des cellules souche S.R.A (!) dont voici trois
échantillons, dont la transposition textuelle ne peut être qu’un réarrangement
des versions authentiques, pour le besoin de la cause didactique.
Quant au thème de ma soi-disant
discussion avec les trois interlocuteurs différents impliqués en ce qui suit,
il n’est autre que ma propre expérience de l’incommunication, dans un début de
course que je me suis engagé à effectuer ; une course vers l’Unité Divine,
par de véritables « autoroutes de la communication » interposées.
Un S.R.A ontologique
1. Le S.R.A par strangulation des voies expiatoires
C’est quand l’interlocuteur fait de son mieux pour
enterrer ton intérêt dans la chose à vouloir communiquer :
Moi : J'ai une idée qui s'appelle..C'est une méthode scientifique..
Lui : Il faut réviser la jurisprudence islamique ("fiqh").
Moi: J'suis d'ac que leurs fatwas nous enturbannent la cervelle.
Lui : Bien.
Moi : Seulement, moi je construis ce qui pourrait empêcher de telles fatwas
de sortir.
Lui : Comment ça mon Sieur!
Moi : Changer ou réviser le fiqh n'est PAS notre besoin. C'est PAS mon
travail, d'ailleurs.
Lui : Moi, j'en ai les moyens ...; pour faire ça..
Moi : De toute façon il n'y a pas de raison pour faire ça. Je m'explique.
Lui : Pas la peine. Tu ne vas pas me
dire que le Musulman ne doit pas lire le coran avec des yeux critiques...que la liberté
d'expression ne nous permet pas de faire ça et ça et ça..
Moi : J'ai rien dit de cela monsieur.
Lui : Excuse-moi .Il se fait tard…
(toute ressemblance de l’ « autre » dans ce dialogue fictif à
une personne réelle n’est que pure coïncidence)
2. Le S.R.A par projection intra-cervicale
C’est quand l’interlocuteur sent l’ascendant que vous avez sur lui mais
refuse anormalement d’accepter cet état engendrant ainsi un véritable « déséquilibre des forces » :
Moi : J’ai une méthode scientifique, éducationnelle…
Lui : J’ai lu un peu ce que vous concoctez …Et je me suis perdu entre l’automobile,
nous autres les garçons macho et l’islam .Et …et ….J’ai en fin de compte perdu
mon islam, quoi.
Moi : Ah bon ? Pourtant je ne parle pas d’islam. Je parle de
musulmans.
Elle : Hein ! De toute façon, d’où est-ce que vous tirez cette
confiance en vous et en votre méthode, monsieur ?
Moi : Tu ne m’as pas posé de question, mon cher.
Lui : Vous voyez, monsieur ? Vous voulez nous apprendre une leçon
mais vous ne voulez pas apprendre de nous, comme vous le prétendez !
Moi : J’apprends du menuisier comment je construis une chaise. Et il
apprend de moi cette leçon.
Lui : Mais l’islam c’est MA religion aussi.
Moi : Mais ce n’est pas de
l’islam que je parle. Je suis un musulman qui parle. Tu n’as qu’à parler. Et qu’on
apprenne donc de toi !
Lui: Non c’est fini. J’ai maintenant compris que vous voulez nous apprendre
ce que nous pouvons apprendre tout seuls…..Bye.
Moi : Dieu soit loué !
(idem)
3. Le S.R.A par aspiration fondamentale
C’est quand l’interlocuteur essaie de vous « désosser » ou vous
« déshabiller » mentalement pour vous lancer, en parlant la bouche
fermée « Tu n’es qu’un vaurien. T’as intérêt à me filer ta petite
idée. Tu vas voir ce que je peux en faire.Je te corrigerai.» :
Moi : Ben voilà, je te l’ai dit mon cher. Ça s’appelle « X ».Les cheikhs n’ont rien à voir là-dedans. Ça les dépasse
et ça les déclasse.
Lui : Bon alors, résumons-nous monsieur, ; comment vous vous
appelez déjà ?!Untel. Donc vous, vous nous sortez un truc pour nous corriger nous-mêmes.
Moi : Oui monsieur.
Lui : Mais je voudrais savoir une chose , si vous le permettez
bien. Est-ce qu’on n’en aurait pas assez ? Le problème des musulmans, qui
sont…, qui sont…, qui sont.... et votre idée de je ne sais-pas-quoi ? Il
ne reste plus que ça, la barbe ! Sra* !
Moi : Mais monsieur, ça c’est fait pour ça.
Lui : A propos, votre je-ne-sais-pas-quoi-vous-dire, c’est une
créature ou un gadget ?
Moi : C’est un antidote au S.R.A, monsieur.
(idem)
Quels enseignements ?
C’était à en dormir debout. J’avais compris comment il est
traditionnellement écrit que nous refusons de savoir apprendre. Depuis lors, Je
me suis (re)juré de me placer sous Auto-Réanimation Savante, pour découvrir ce qui suit :
- On refuse d’apprendre parce qu’on ne regarde pas en soi d’abord, pour pouvoir
bâtir l’idée, ensuite. On préfère regarder ailleurs, donc on ne bâtit pas. On
est S.R.A positif.
- Quand on ne bâtit pas, on essaie d’ «annexer» l’idée de l’autre;
comme la génération qui me précède avait en vain tenté d’annexer le « marxisme »ou
le « socialisme » ou ..( !)
- Quand l’apprenant n’est pas immunisé contre le S.R.A, l’idée de l’Autre lui
paraît annexable. Et dès lors qu’il se rend compte que, comme toute idée, elle
ne peut être par lui annexée, il a recours à l’artillerie lourde : annexer
la conscience du propriétaire de l’idée en personne; ça c’est en
superstructure ; quant au terrain, c’est un peu ce qui s’était passé entre
l’Irak et le Koweït.
- Si on n’a pas pu vous annexer, vous êtes alors l’ « Aristote
« de votre temps, le « Spinoza » des Arabes etc. ou alors le
« narcissiste », le « pédant » etc.
Ce sont là les déductions.
Quant à la conclusion que j’ai pu tirer du test A.R.S , elle est la
suivante:
« Vous avez votre idée et j’ai la mienne. Pourrons-nous s’entre-apprendre ?
Je jure d’apprendre de/tout ce qui est apprentissable dans votre idée ; et
vous vous engagez à apprendre de/ ce qui est apprentissable dans la mienne.
Mais vous ne pourrez jamais m’apprendre ce dont je suis capable de vous apprendre,
comme je ne pourrai jamais vous apprendre ce dont vous êtes capable de
m’apprendre. »
Mohamed Hammar
http://islaminfrajtihas.canalblog.com
Ceci est un texte Infrajtihad, méthode synergique à philosophie
« essentielle », inspirée de la pensée arabo-musulmane
contemporaine. http ://islaminfrajtihad.canalblog.com
* Arabislamia :Je préfère employer ce néologisme pour dire l’existence,
l’environnement, la culture, l’appartenance linguistico-religieuse plurielle et
variée au même espace vital, des Arabes et des Musulmans ; une utopie au
sens noble du terme.
* S.RS : Syndrome du Refus de l’Autre ; un jeu de mots.
Transposé en arabe parlé tunisien (familier), « SRA ! » est un
mot très fréquent, déformation d’une terminologie dont le sens propre est la
maladie d’ « épilepsie ». C’est devenu, dans l’usage courant, une
interjection /réaction pas très enchantée à un acte de méchanceté,
d’inadvertance etc. pour dire quelque chose comme «La
barbe ! » ou « Foin de…! » ou encore
« Calamité ! ».
Artivle publié le 26 janvier 2009 sur
http://www.middleeasttransparent.com/spip.php?page=article&id_article=5336&lang=fr